Arrivées au compte goutte au camping de Mane le vendredi soir. Certains profitent de l’occase pour visiter St Girons. Les chanceux auront même droit à des lits en dépit de leur arrivée tardive… Ce n’est pas mon cas… Arrivé parmi les premiers, mon légendaire sens du sacrifice me pousse à laisser la place à ses dames. Aurélie a quand même assuré : elle a gonflé son matelas en prévision. Le second pigeon, c’est JF, dont les allées et venues entre les 2 gîtes laissent perplexes nos initié(e)s… Jusqu’à ce qu’on leur explique que l’astucieux volatile, allergique aux tâches ménagères, est adepte du brouillage de pistes…
En soirée, les discussions autour du programme du lendemain font monter la pression… Il faut constituer deux groupes de taille à peu près équivalente pour éviter les bouchons, à la descente comme à la remontée. Wil me confie l’équipement des hérétiques et se réserve les indomptables.
Lendemain matin : petit déjeuner, préparation du matériel collectif. Dehors, il gèle sévère… Une fois n’est pas coutume, seuls les plus expérimentés sont de corvée.
10H30, nous sommes aux fontaines de l’ours. Le temps de se changer aux voitures, nous voilà sur la piste qui mène aux deux gouffres élus. Ca commence bien : les coordonnées entrées dans les GPS ne correspondent pas, une fois de plus : « Goto hérétiques » nous amène au Trou du vent. Après quelques minutes de recherches, Wil trouve finalement les indomptables puis JF les hérétiques.
L’équipe « indomptables » est constituée de : Wil, Cachou, Sarah, Anaïs, Wilfried, Géraldine, Blandine.
L’équipe « hérétiques », d’Eloïse, Nathalie, Yann, Paul, Valentine, Aurélie, JF, Véro et Tom.
RDV en bas.
11H30, la descente débute. Je suis à la manœuvre. Evidemment, j’ai oublié la topo à la voiture, et je travaille de mémoire. Premier puits de 4 mètres, je pars du mauvais côté : ça pince rapidement, j’ai tôt fait de trouver le bon côté. Je ne m’inquiète pas trop : il n’y a pas vraiment de passages où je peux me planter. Jusque là, tout est broché. Derrière, j’entends Yann s’engager. Je m’amuse bien : c’est plaisant d’équiper le mieux possible, en pensant aux visages débordants de gratitude de ceux qui trouveront un mousqueton dans les oreilles de Mickey, ou une sangle pour se délonger « plein vide ». Trois quatre puits plus loin, je crois parvenir dans la salle qui conduit d’un côté au réseau pourri (de mémoire), de l’autre à la salle du vent. Après une dizaine de minutes à tester tous les départs, je me rends compte qu’ils se rejoignent tous au niveau du lit (à sec) d’un actif. En période de crue, le puits suivant doit être bien arrosé. Il n’y a pas 50 possibilités : un double amarrage en tête, aucun spit ni verrue pour coller une déviation. C’est du contre paroi, et ça frotte. Je remonte pour mettre une sangle au seul endroit possible, un mètre en dessous du double amarrage. Ainsi, on descend plein vide. Heureusement qu’on a prévu large au niveau du matériel : 50 cm de corde en moins et je ne touchais pas le fond... Je parviens dans la salle inclinée qui annonce la bifurcation entre les deux réseaux. C’est en haut à gauche, de mémoire. Après un petit méandre, des spits m’indiquent que je ne me suis pas trompé. Le puits suivant me conduit en tête de deux départs :face à la paroi, sur main gauche, c’est un gros puits. Sur main droite, c’est plus petit, avec des paliers. Je me souviens juste qu’on a prévu le matériel pour équiper la partie où il n’y a pas d’actif. Excellent moyen mémotechnique, quand ça coule d’un côté… Là, c’est sec partout… Le gros puits ne m’inspire pas, car je ne vois aucun spit. Je pars donc sur main droite. J’ai vu ma dernière broche : maintenant, il n’y a plus que des spits, pas forcément faciles à aller chercher, d’ailleurs. Un pendule, une sangle à frotter, un deuxième pendule, et me voilà au fond. Je crains un peu la réaction des initié(e)s : la descente est un peu technique, et je doute que le passage de pendules ait été travaillé à l’entraînement…
Yann est encore loin derrière. Je décide d’en profiter pour vérifier que nous sommes arrivés au bon endroit. Je m’engage donc dans un méandre actif, couvert de calcite, assez joli. Deux minutes plus tard, je retrouve les grands volumes. Je crois que c’est bon. Un « Youhou !!! » suffit pour m’assurer de la présence de l’autre groupe : Wil est encore une quinzaine de mètres au dessus du sol, Anaïs le suit quelques coudées plus haut. Après avoir mentalement donné une poignée de main virile à Anaïs et un bisou à Wil (ou l’inverse, je ne sais plus très bien…), je repars pour attendre l’arrivée de Yann au bas du puits. « Yann, fais gaffe, c’est un pendule ! ». Trop tard !... Occupé à me tchatcher, celui-ci ne regarde pas où il va, et se retrouve au creux de la vague… Le fractio est deux mètres plus haut, il faut sortir la poignée.
Une demi-heure plus tard (13H30 ?), Wil nous rend visite : seuls Paul et Yann m’ont pour l’instant rejoint. Wil m’indique que son groupe commence à se cailler sévère et propose de l'emmener au bivouac de la salle du vent. Il guide Paul et Yann, qui n’ont aucun intérêt à attendre au bas du puits. Vers 14H30 – 15H, les « hérétiques » sont au complet. Suivant les indications de Wil, nous parvenons au bivouac une vingtaine de minutes plus tard, après quelques pauses « contemplation de volume ». Fait faim !
Le repas terminé, il devient clair que la plupart des initiés n’ont qu’une envie : remonter ! Il fait froid, ça va être long, et les réserves physiques sont un peu entamées. Tant pis pour la rivière du Mile...
C’est rare de pouvoir faire une photo de groupe de 14 personnes (Cachou et Sarah ont fait demi tour), sous terre… Je ne résiste pas au plaisir d’exploser les yeux de mes congénères, à grands coups de flash… Dans la montée de la salle du vent, JF et moi parvenons à arracher quelques photos, au détriment de la vitesse de progression. Sentant l’irritation de certains monter de manière inversement proportionnelle au dit rythme de progression, nous n’insistons pas.
A la remontée,hormis Yann (que je soupçonne d’avoir voulu rester « hérétique » jusqu’au bout), les groupes restent les mêmes, les gouffres sont inversés. Ca va être long, mais on a tout notre temps... L’ordre de remontée est le suivant : Eloïse, Paul, Aurélie, Véro, Nathalie, JF, Valentine, et moi. Quelques minutes après que Paul se soit engagé, le bruit sourd d’une cascade se fait entendre. De minute en minute, le bruit enfle… Il faut se rendre à l’évidence : les puits seront bientôt en crue ! Je m’inquiète un peu pour les « néo-hérétiques ». Je ne suis pas prêt de remonter, alors je décide d’aller rejoindre l’autre groupe pour voir comment ça se passe. A mon arrivée, Wil, qui déséquipe, est déjà sur la corde. Ouf ! Ca ne coule pas de ce côté… Rassuré, je repars vers les indomptables. L’orage n’a pas dû se calmer, au contraire ! Enfin, jusqu’ici, point positif, personne ne s’est plaint de « cascade dans la gueule »…On ne sait pas bien ce qu’il se passe au dessus, mais la progression est tortuesque. Je rejoins JF et Valentine à chaque palier : quitte à poireauter, autant ne pas le faire sur la corde… Environ 5 heures après le début de la remontée (quelques 80 mètres), tout le monde est dehors… Les autres (dont ma chérie) sont ravis de nous retrouver : l’un des puits des hérétiques était sous cascade, ils se sont copieusement trempés la gueule…. Sortis deux heures avant, ils ont FROID ! Du coup, je ne proteste même pas (pas fou !) quand je constate que je me suis fait squatter mes chaussettes sèches…
Moralité : Pour initier (a fortiori de gros groupes), il faut équiper en double.
Constat : Difficile d’équiper en double à la Coume.
Conclusion : Aller ailleurs la prochaine fois…
Après un bon repas agrémenté des gâteaux réalisés par la gent féminine de la sortie, nous nous retrouvons au lit vers 1 heure du mat’. Cette fois, c’est Aurélie (qui prévoit un départ matinal) qui se tape le tapis de sol. Merci md’ame !
Après nettoyage des gîtes et état des lieux, retour sur Bordeaux en début d’aprèm : juste à temps pour nettoyer le matériel et se taper la lessive…