Au programme : l'Aussure et Picastelle.
Nous étions quatre pour ce week-end dans le Lot, avec objectif principal encore de faire travailler à Blandine les techniques d'équipement.
Il y avait donc Blandine, Will et moi-même.
Puis à la dernière minute, un p'tit jeune Toulousain est venu s'ajouter histoire de s'initier lui aussi, tout en profitant du gîte et du couvert.
Car c'était le grand retour de Patrick F (Paaaatrick criait Blandine en se griffant le visage ...).
Bon, avec ces 3 jeunes et magnifiques accompagnateurs, elle était pas gâtées notre Blandine ?
Départ le samedi matin de Bordeaux. Arrivée au gîte à Coste, vers 10:30.
Nous préparons les kits sur place et déjeunons avant de partir pour l'Igue de l'Aussure.
Comme nous étions quatre, nous avions prévues de faire deux équipements en parallèle. Nous savions que le trou est entièrement broché, mais qu'il reste aussi abondance de vieux spits. Donc Blandine, pour travailler son équipement partirait en tête avec interdiction d'utiliser les broches, tandis que la deuxième équipe s'amuserait à équiper où bon lui semblerait.
Enfin bon, ça c'était le plan initial.
Nous voilà donc partis avec nos kits de cordes. Chacun semblant compter sur l'autre pour retrouver l'entrée du trou ...
Pour ceux qui avait raté l'épisode précédent : 3 semaines auparavant nous avions dû renoncer à trouver l'Igue de Fauvelet, après avoir fouillé pendant des heures ce même secteur de la forêt de La Brauhnie ...
Cette fois on s'était bien préparés : j'avais soigneusement imprimé des extraits de carte topos sur Géoportail avec les trous bien repérés ... sauf que mon classeur était resté à Bordeaux
Heureusement, Blandine avait pris le GPS, ... qui était resté au gîte, ou dans la voiture !
De vrais cadors !
Pas grave on part dans le bon chemin (quand même). Et on discute. Et on monte. Et on tchatche. "euh, quelqu'un sait où est le trou ?, ça commence à faire loin ...".
"Ben moi, je sais plus, ça fait longtemps",
"ben moi, pareil. T'as pas ta carte, ou le GPS ? ..."
Bon, ça se termine bien, on fouille un peu le secteur en se référant au maigre Topo, on s'éparpille un peu, et on repère enfin l'entrée de la cavité.
De vrais Cadors, je vous disais !
Là, double changement de programme :
Le trou est déjà équipé, des cordes sont posées sur les borches. A priori une équipe est dedans. Bon, on ne vas pas mettre 3 séries de cordes, ça va faire un peu fouilli. On décide donc de laisser la moitié du matos à l'extérieur, et de tous suivre Blandine.
"Bon alors Blandine tu attaques ?! ..."
"Qui ça, moi ??? vous avez-vu comment ça commence ?" (bon, vaguement gazeux le départ, mais sans plus).
Et puis c'est pas le jour, Blandine a mal au bide, elle a froid (il fait froid). Bref c'est pas la forme.
On décide donc de lui équiper le départ et la première longueur.
Je démarre donc, et après le deuxième fractionnement je propose à Blandine de prendre le relai. Mais non, vraiment en forme.
Je décide donc de faire la première moitié de l'Igue, puis c'est Will qui finira.
Comme on l'avait décidé, on s'impose de ne pas utiliser les broches. Les spits ne manquent pas, mais la plupart sont inutilisables : bouchés, cassés, sortis, tournant, sans filetage, ... J'en trouve quand même certains acceptables ... de toute façon, une fois posées les plaquettes par dessus, ils sont bien cachés, et mes équipiers n'y verront que du feux ...
(Mais non, tout est archi-doublé ... Bon, des esprits chagrins ont rapporté que j'avais oublié de visser 2-3 mousquetons. Moins grave que d'oublier les mousquetons tout court).
Instinctivement, on a tendance à suivre le cheminement, plutôt en rive gauche, de la première corde en place sur les broches. Lesquelles ne sont pas forcément toutes placées aux meilleurs endroits. Un peu trop contre paroi, voire en fond de renfougne (intraduisible).
Par la suite, Patrick me fera observer qu'il y avait une autre ligne de spits en rive droite, plus aérienne pour ces premières longueurs.
La descente est agréable, jolies formes, belles couleurs. Ca prend de l'ampleur au fur et à mesure. Toujours sur corde. Pas vraiment d'endroits pour s'arrêter.
A mi parcours, on rejoint l'équipe descendue avant nous (d'Orléan). Tout du moins, je parle au premier qui est en train de remonter. Ils sont sept ...
Pas grave, on continue, on se croisera comme on pourra.
J'avais pris soin de ne pas embrouiller le cheminement de nos cordes respectives, ça doit le faire.
J'équipe encore un puits, pour trouver un endroit "confort" où on a pied, et je m'arrête sur une superbe coulée de calcite. Il pleut un peu, mais c'est joli.
Et c'est là que tout le monde se regroupe (nous quatre), et qu'une partie de l'autre équipe se met à nous croiser.
A partir de là, c'est Will qui prend la suite de l'équipement.
Changement de main, changement de vilain.
Tandis que Will démarre et s'arrête au prochain fractio pour remonter et changer de corde; on a un peu de temps pour organiser la séance pipi de Mlle Blandine.
Ben oui, quoi de plus normal que de faire pipi en plein milieu des puits ? Et pratique avec ça.
Bon, il y a une petite vire avec un replat, on organise une chaîne humaine pour se longer (vous savez avec les deux jeunes étalons restant), et on abandonne là Blandine à faire ce qu'elle a à faire.
Je continue derrière Will, et ça descend de plus belle, toujours plus grand.
Je crois que finalement Patrick aura récupéré Blandine, depuis son replat, puisqu'elle arrive elle aussi au fond.
Alors le fond ?
Comment dire ? C'est chouette, mais mouillé.
En fait c'est juste un lac, un puits noyé, large et joli, avec de belles coulées.
Mais nulle part où se poser.
Si, il y a une vire à équiper pour se longer, en restant debout les pieds sur des becquets.
Séance photos bien sûr, et pitreries.
Bon c'est à mon tour de devoir faire pipi. (ben oui, toute cette flotte, moi ça m'inspire).
Alors, c'est possible de démonter son matos, tout en restant longé, en tension sur une cuisse, le baudrier ouvert, et le reste aussi. Avec beaucoup de concentration pour ignorer les 3 zouaves qui font les pitres (franchement, y z'ont quel âge ?). Rhaaaaaa Lovely, ça soulage.
On décide de remonter pour aller manger, un peu au dessus. Il y a une autre vire bien pentue, mais large.
Tandis qu'on mange, de petites pierres pleuvent du haut. L'autre équipe qui finit de sortir ? (mais ça paraît si loin, surtout avec ce cheminement en colimaçon).
Et puis soudain, on entend un énorme bruit au fond (à 30-40m), qu'on vient de quitter. Impressionannt. On ne saura jamais ce que ça pouvait être.
On se recompte : on est toujours quatre ; on poursuit donc la remontée.
Tout s'enchaîne normalement, en déséquipant.
Je me fais abondamment pourrir au prétexte que ma lampe acéto pue (elle doit fuir un peu), et que ça leur file la gerbouille. De toute façon, elle est vide (mais pue quand même), je sors à l'électrique.
Sortie vers 09:00. Sept heures sous terre.
Impro classe pour retrouver le chemin dans les taillis et dans le noir (mais on est des cadors ...).
Vite aux voitures. On se change, ça caille à mort, et on file au gîte.
Soirée gastronomique bien sûr. (J'avais promis, sous la contrainte, de faire des pâtes Carbonara. Finalement j'avais improvisé avec une boîte de gésiers, du vin blanc, ... Je le dis tout de suite : je suis incapable de recommencer).
On refait le monde, le plein d'histoire.
Rien ne manque.
Et Blandine s'endort, heureuse, comblée (avec ses trois ronfleurs pas loin).
Dimanche : Igue de Picastelle.
ça caille encore, le ciel est vaguement à la neige.
Repréparer le matos, défaire les noeuds, reconstituer les amarrages, ... ça caille trop.
Patrick n'en peut plus, ses mains sont gonflées de froid.
Mais ça fait rien, un p'tit café, et on est partis.
Cette fois, on a un vrai GPS, programmé et tout.
Trop facile donc de trouver le trou (enfin à 30m près. Imprécision du GPS ou des coordonnées, ou les deux).
Cette fois c'est le Titi qui équipe. Pour de vrai !
Avec Patrick, on se sacrifie pour rester aux voitures, tandis que Blandine part en tête, avec Will, son coach du jour.
Bon, je ne sais pas si Patrick et moi on a fait le bon choix.
On mange, on boit chaud, on tchache, ... mais qu'est-ce qu'on se refroidit dehors. Tiens, il neige un peu.
On finit par s'équiper, avec 1:30 d'écart, et on part rejoindre notre équipe choc.
Il fait beaucoup plus chaud dans le trou. Mais on est obligés de stationner sur corde, relativement inconfortable donc.
Car Blandine n'est pas encore arrivée au fond. Elle s'amuse encore avec une corde trop courte, presqu'assez longue.
Sympa le trou.
On abrège la sortie vers 15:00, obligés de rentrer nettoyer le gîte et rendre les clés, avec la route à faire.
On partira effectivement vers 18:00.
Encore un super week-end. Zen.
Je laisse à Blandine les soin de commenter sa descente et son équipement.
Il nous faut un long paragraphe sur la séance "pendule de la mort qui tue".
Et à Will, d'apporter sa vision contradictoire (et forcément objective).
(je crois que Will a fait des progrès énorme en patience ... mais chut).
Quant à Patrick ... si tes doigts sont dégelés ...