Quelques petits détails supplémentaires concernant l'équipe "galerie annexe", et quelques précisions sur la notion de galanterie...
Armés d'un crayon à papier tout pourri et de tout notre courage, Fred et moi nous engageons dans la galerie annexe, tout aussi pourrie que le crayon. Notre équipe de topographes si nobles et expérimentés ne tarde pas à rendre dans les moindres détails, en colonnes de chiffres et coupes frisant la perfection (c'est Fred qui dessine), une centaine de mètres de galerie. Après une pause pour retourner chercher le taille crayon (et pour satisfaire une envie pressante), Fred me signale sur main gauche un petit départ peu engageant, qu'il me propose de visiter. Je m'empresse de l'obliger, et découvre, derrière un passage légèrement étroit, un puits remontant de 1m de diamètre et plus de 4 mètres de hauteur, colmaté en haut et en bas. A l'intérieur même du passage étroit se dessine une minuscule lucarne (un trou à rats, quoi!) colmatée sur les côtés par de la glaise très compacte. Derrière, on devine un espace important, que j'espère être une galerie parallèle. Armés d'un bout de tuile et de nos seuls muscles, tels des spéléos néanderthaliens, Fred et moi attaquons la désob. Sentant que ça va bientôt passer, je propose gentiment (gnarkgnarkgnark!) à Fred de le remplacer, lui indiquant: "si tu veux, continue la topo avec Jean-Claude (qui vient de nous rejoindre), je finis la désob..." La découverte est amère: ma duplicité ne me gagne qu'une grande désillusion et une fatigue du même acabit... Après une heure et demie à gratter avec un bout de tuile débile et à essayer de m'insérer de toutes les façons possibles dans le passage tant convoité, je réussis enfin, dans un angle impossible, à me glisser dans la suite... qui s'avère n'être qu'une prolongation, en faille cette fois-ci, du puits remontant sus-cité. Vidé de mes forces, je rejoins JC et Fred pour leur apporter un soutien très symbolique dans la poursuite de la topo. La galerie annexe se réduit de plus en plus, de concert avec mon envie d'apporter mon soutien (tout symbolique qu'il soit)... Je rebrousse chemin, après avoir indiqué à mes compères que je pars rejoindre l'équipe "galerie principale".
Sur place, je constate que la motivation est au rendez-vous: je suis accueilli par un concerts de "j'ai froid, j'en ai marre, on rentre" (ceux qui connaissent Blandine sauront que j'exagère à peine). Dominique est beaucoup plus digne mais je sens qu'il en a marre lui aussi. Je parviens à les convaincre de poursuivre la topo du shunt, le temps que JC et Fred nous rejoignent pour sortir. Je découvre alors avec effarement que Blandine n'a réalisé absolument aucune coupe de la galerie. Nous retrouvons Fred au croisement shunt/galerie principale. Après avoir balancé quelques gantées de boue dans la face de Blandine, je fayote un peu: "Tu sais quoi? Blandine, elle a fait aucune coupe..." Sur ce, Fred et Blandine nous annoncent leur désir de casser la croûte. De manière toute diplomatique, j'annonce alors à Blandine que si elle veut manger, il faudra qu'elle porte le kit au retour: ni Domi ni moi n'avons envie de nous refroidir, nous voulons repartir aussi sec.
Le retour est une partie de plaisir: de la boue, de l'eau, des cailloux, de la vase qui pue, de l'eau croupie, des déchets, des gémissements, des passages étroits... Que du bonheur !
Après plus de dix années sans activité girondine, je dois dire que je suis satisfait du bilan de cette sortie: malgré deux mètres de première (les premiers depuis deux ans), je redécouvre la raison pour laquelle les mythiques rivières girondines ne m'ont pas vraiment manqué...
Je rends hommage à tous ceux qui, week end après week end, tentent de retranscrire dans les moindres détails (même si parfois, les coupes ne sont pas au rendez-vous) leurs circonvolutions souterraines. Bravo!... La prochaine fois, je ne vous garantis pas que ce sera avec moi...