Date : 7 janvier 2023
Groupe : Rémi, Emilie, Blandine, Mathilde, Yann, Laurent, Paul, Carole, Danick
TPST : 7h
6h30 le réveil sonne et aussitôt les dernières consignes de Mathilde emplissent ma tête. « On a de la place prend tout ce qui te semble utile on triera sur place … ». Petit déjeuner copieux.
7h30 Mathilde nous récupère à la maison, direction le point de rendez-vous avant un départ groupé vers Brives à 8h00. Nous sommes 9 dont 3 débutants, il y a le staff technique avec Mathilde / Emilie / Blandine / Rémi / Laurent et Yann et dans le rôle des débutants Carole / Danick et Paul. Beaucoup de sacs sont transférés d’une voiture à l’autre avec comme musique de fond les cliquetis de la quincaillerie qui assurera notre sécurité lors de la descente.
10h30 Il fait frais, un petit 5°C pour se mettre en tenue. Rémi a très vite des paroles rassurantes : « il fera plus chaud dans le trou. » Le trou ? On nous avait parlé de puits et qui plus est de puits des jonquilles, pas d’un trou ! On éclaircira ce point plus tard. En attendant tu ne traines pas pour enfiler le matériel. Tout le monde est aux petits soins, multiples vérifications de l’équipement, puis départ pour 10 mn de marche dans les bois.
11h00 Nous sommes arrivés. Tout le monde s’extasie devant une bouche d’égout au milieu des bois. Là un doute apparaît, ça sent le bizutage, une blague de spéléo qui dans 5 mn finira en fou rire. Ils poussent le vice à l’ouvrir et tout le monde se penche au-dessus en faisant semblant de s’intéresser à ce qu’elle protège. C’est bien un puits artificiellement équipé avec des tubes en plastique sur 3 m puis on distingue plus bas un étroit boyau de roche qui descend sur 4 m supplémentaires. Finalement on ne rit pas, nous y sommes.
Emilie sera l’ouvreuse pour la descente, elle trimbale tout le matériel nécessaire pour assurer l’équipement de la descente. C’est un petit gabarit plein d’énergie, affublée de tout son barda j’ai l’image du sapin de noël de la quincaillerie Marchal-Bodin. Ses collègues se placeront à chaque fractionnement pour vérifier nos manipulations. On utilise une seule corde avec des relais intermédiaires, la seule chose à retenir c’est qu’il ne faut pas que ça frotte ! Toi tu vas frotter mais la corde non !
12h00 la descente commence véritablement. Le premier tronçon de 7 m pas engageant est avalé fissa. Ce n’est pas large et effectivement ça frotte. Je n’ai pas fait 4 m que j’ai le look de lutteur de boue sans rien de sexy dans ces contorsions, pourquoi j’ai arrêté le Pilate ? Mon corps ne me remercie pas, la machine à laver va pleurer.
On enchaîne par une main courante de 4 m, facile ça donne confiance. Puis nouveau rappel de 7 m un peu plus large, départ assis on ne sait pas trop vers où il fait noir en bas... J’arrive au dernier fractionnement, plein gaz les pieds dans le vide, je distingue en bas des points lumineux. Ce sont les 25 derniers mètres avant le fond. Ce n’est pas haut mais sous terre on perd complètement ses repères, qu’est-ce que je fous là ? Au fur et à mesure de la descente les mains se crispent et les doutes m’assaillent : est-on contre-assuré ? Pourquoi j’ai l’impression que ça ne finit jamais ? Ai-je bien arrosé les plantes avant de partir ? Un pied touche le sol ! Je ressens les mêmes émotions que Niel Armstrong, une joie immense m’envahit jusqu’à ce que je relève la tête … il va falloir remonter, ascenseur émotionnel j’ai envie de chialer.
Une fois tout le monde en bas nous débutons la progression dans un boyau assez large et haut de plafond. Ce conduit est de toute beauté si on prend le temps de lever la tête, les concrétions calcaires forment des drapés, stalactites, stalagmites, … objectif « la plage ». Alors la plage ça se mérite, il faut d’abord passez par les flaques puis la gadoue formée par une argile aussi collante qu’un papier tue-mouche. Ce n’est plus des pieds, on se transforme progressivement en Eléphantman !
Au loin on perçoit le bruit sourd d’un cours d’eau, et subitement la boue se transforme en sable. Nous sommes arrivés à la plage, une belle plage pour les Schtroumpfs car on y accède à 4 pattes. Elle dévoile une très belle cascade qui marque la fin de notre périple dans ce sens. On avale un sandwich et 3 graines, et avant de trop se refroidir (il ne fait que 12°C) on repart dans l’autre sens. C’est une progression très ludique qui nous ramène au puits de descente. On décide de continuer dans l’autre sens jusqu’à l’entrée primaire. On croise quelques chauve-souris et diverses concrétions magnifiques, nous avons le sentiment d’êtres privilégiés avec un éclairage intimiste généré par nos frontales. L’entrée naturelle est un boyau dans lequel il faut ramper sur 200 m, personne ne se propose pour continuer, retour au point de départ.
15h30 il faut envisager de remonter, c’est Yann qui le premier se lance dans l’ascension. Son aisance me rassure, après tout ce n’est peut-être pas si difficile ? Puis passe Blandine tout aussi efficace et enfin Rémi qui s’amuse en essayant différentes techniques. Les cadres sont en place pour assurer nos passages de fractionnement, c’est à notre tour je me lance dans l’ascension après les explications techniques. Inutile d’hésiter il faut sortir !
Le récit qui va suivre est conscient pendant les 5 premières minutes, la suite obéit à des automatismes de survie. Je ne pourrais être tenu responsable des propos que j’ai pu tenir pendant ces 20 longues minutes, notamment au sujet du postérieur de Rémi que j’avais comme objectif. J’installe la poignée, la pédale et le crawl et j’entame un mouvement de pompage… après 4 répétitions je suis toujours au sol ???? La corde se tend lentement tel un élastique je demande à tout le monde de s’écarter car je pense que je vais décoller tel un missile. Mais il n’en est rien, la gravité a vaincu ! D’ailleurs personne n’a bougé, je m’élève péniblement de quelques mètres ma fierté me dit de tout donner ! Je force comme un imbécile pour stopper au bout de 10m en nage au bord de l’asphyxie. Tel un jambonneau gesticulant au bout d’une ficelle je tente de reprendre mes esprits, les fesses à Rémi sont toujours là. Ouf, je suis en bonne voie.
C’est un exercice plus technique que physique, mais croyez-moi ce fut une réelle satisfaction personnelle de sortir de ce boyau avant la nuit. Finalement tout le monde sera remonté pour 18h grâce à la précieuse assistance de nos encadrants.
Ce fut une véritable aventure pour le débutant que je suis, j’en ai pris plein les yeux avec le sentiment d’avoir réalisé quelque chose de peu commun. L’encadrement fut parfait et le cadre idéal, la spéléo c’est un sport de plein air contrairement à ce que l’on pourrait croire. Merci à l’équipe du GESA pour cette organisation et tous les excellents conseils prodigués au cours de cette journée.
Paul