Pour mieux comprendre le "pourquoi" de cette sortie, il faut remonter un peu en arrière…
Ces évènements se sont produits du 16/02/07 à 21H30 au 18/02/07 à 11H13.
La sortie devait au départ se faire à l'Igue de la Carrière (Lot). A cause des prévisions météo minables et de la nature de la Carrière (rivière), nous nous sommes rabattus in extremis sur la Coume, pour son légendaire panel de paysages spéléologiques et la possibilité de choisir parmi un nombre quasi illimité de possibilités.
C'est donc à 21H30, au camping de Mane (gîte Regain) que l'aventure commence… Emplis de bravoure voire de témérité, nous engageons la discussion pour choisir le gouffre par lequel nous allons accéder au réseau. Quelques arguments s'imposent vite comme les plus importants:
- il faut trouver un gouffre pas trop humide (risque de crue)
- on (surtout JF) n'a pas trop envie de se casser le cul à marcher des heures pour aller de la voiture à l'entrée du trou
- on veut pouvoir faire un peu de verticale (au moins 150m)
- on veut pouvoir crapahuter
Patrick avait proposé de faire Odon. On regarde donc sa description sur le guide. 1H45 à 2H de marche d'approche… Personne n'insiste…Dommage, ça avait l'air chouette !
On trace donc virtuellement un cercle d'environ 1,5 km autour du parking. Se détachent quelques possibilités:
- Coquille: pas assez de crapahut
- Cécile (mon choix): risque de se prendre de la flotte dans la gueule s'il pleut
- Barnache (rien qu'en voyant la topo, JF tombe amoureux)
JF lit alors à voix haute le descriptif de ces deux trous, d'une manière un rien partisane.
Par exemple:
Cécile: "…courte REPTATION…"
Barnache: "…étroiture verticale sévère…"
La topo du Barnache a vraiment une sale gueule: étroit quasiment tout du long… Mais le Cécile a l'air "humide" du début à la fin, et rien ne garantit qu'il soit équipé hors crue.
Après quelques joutes verbales, JF l'emporte finalement. J'en profite pour lui glisser sournoisement "Si c'est pourri ce sera de ta faute!". Il en culpabilise tellement par avance qu'il ne ferme pas l'œil de la nuit, et parvient par là-même à me pourrir une partie de la mienne (Véro, ça lui prend souvent de déménager le frigo en pleine nuit ?...).
Lendemain, réveil 8H30 (on a dû tricher un peu sur l'heure supposée du réveil pour convaincre JF), pt'it déj, arrivée de Patrick. Préparation des kits sur place, départ du camping. On gare les voitures à la fontaine de l'ours, et on se change sur place. Wil se met en sous-combi. A deux doigts d'immortaliser l'évènement, je suis également à deux doigts (décidément !) de prendre mon appareil photo dans la gueule… Curieux, non ?…
11H du mat: on part vers le gouffre. Wil a pris soin de rentrer les coordonnées de celui-ci dans son GPS, et on a tous les deux mémorisé (à peu près) le trajet à suivre. Sur le chemin, on trouve un trou à l'air fort engageant, mais ni les coordonnées, ni le descriptif du trajet ne correspondent. Nous décidons donc d'aller jusqu'à l'emplacement GPS exact et nous prospectons dans la zone. Au bout d'une heure de recherches infructueuses, Patrick et moi décidons de revenir au trou aperçu plus tôt et de tenter le début de la descente, pour voir. Patrick équipe le premier puits. Ca correspond à la topo du Barnache…Quelle misère…
Il est 12H………….. On attaque la descente…
Wil équipe, Dominique filme.
P10, P6, pas de problème… Puis… LA fameuse "…étroiture
verticale sévère…"
Mes partenaires et néanmoins amis tiennent conciliabule… Dans un grand élan de solidarité, l'évidence s'impose: "Faut envoyer le plus gros. S'il passe pas, c'est pas la peine qu'on s'emmerde…"
C'est donc "le plus gros" (votre serviteur) qui s'y colle… Ca passe sans trop de problème à la descente. Dominique est déçu, le film ne sera finalement ni comique, ni dramatique…
Juste en dessous de l'étroiture m'attendent une botte abandonnée là par un spéléo malheureux, et des ossements… Gulp! Ca promet pour la remontée…
Je descends plus bas, avec l'espoir d'en avoir fini avec les passages étroits… Joli méandre, sympa, assez large, puis trémie dégueulasse qui finit en dégueuloir au dessus d'un autre méandre (moins sympa) ni large, ni court (il s'étend verticalement sur environ 5 mètres)… La guillotine… Wil me rejoint et commence à équiper en déclamant quelques vers poétiques sur le bonheur de vivre de tels instants: les spits sont mal placés, souvent rouillés, la corde frotte de partout... C'est vrai qu'on a rarement vu pire… Pendant ce temps, les autres passent l'étroiture, plus haut.
JF rejoint Wil à l'équipement, Dominique et Patrick arrivent derrière. Des cailloux dégueulent, Wil gueule. Un témoin souhaitant rester anonyme m'informera plus tard du plaisir manifeste que notre président prit à pouvoir ainsi exprimer sa colère: "Ce qu'il y a de bien, quand tu es en dessous, c'est que tu peux gueuler sur les autres…"
Tout le monde passe le méandre (infâme), dont une partie doit se faire en désescalade. Nous nous rejoignons en bas d'un P30 et en haut d'un autre (si j'ai bonne mémoire). JF équipe la suite. Descente, nouveau méandre, re-descente, re-méandre… La corde frotte souvent contre la paroi dans les puits, et il faut se faire passer les kits dans les méandres. Que du bonheur…
Nous arrivons enfin en bas des puits. La continuité n'est pas évidente. Je m'engage dans une galerie boueuse et étroite, suivi de Patrick. Peu convaincu par la possibilité d'une suite par ce côté, pas vraiment exalté par la perspective de salir mon matériel, j'annonce (lâchement) à Patrick que j'ai oublié un truc en bas des puits, et le laisse prendre les devants.
La continuité est bien de ce côté: ça s'élargit, et il faut monter d'un niveau. Après quelques hésitations (Désescalade? Mise en place de notre dernière corde?), nous longeons (en bordure) le haut d'une galerie assez grande. Enfin, nous arrivons sur une salle immense, avec plusieurs départs de gros puits. Le sol est couvert de terre/poussière blanchâtre, un gigantesque chaos de rochers mène à la continuité.
Il est environ 18H. On se pose pour manger. Patrick mendie une rondelle de saucisson, Wil lui jette un caillou (les images sont là pour le prouver).
Enfin, du plaisir!!! Les galeries sont immenses, les salles et les paysages variés (conduites forcées, grands méandres, quelques concrétions). Le sol est agréablement mou, JF en profite pour faire la roue devant la caméra, tel un paon cherchant à impressionner la paonne… Des galeries partent de tous les côtés, la sortie devient vraiment sympa.
Note pour plus tard: on peut accéder au même réseau (Michel Juhle) par PDG ou le gouffre Pierre, par exemple… Ce phénomène explique peut être le succès de fréquentation tout relatif que rencontre le Barnache…
20H30: il est temps de ressortir, après une courte pause repas. JF remonte en premier, puis nous formons 2 binômes:
- Dominique et Wil
- Patrick et moi
J'assiste Patrick dans le déséquipement. Dans chaque méandre, je hisse les kits depuis le haut. Ce n'est pas rapide, mais ça évite de se prendre la tête. Wil et Dominique arrivent au dégueuloir. Quelques chutes de pierres s'ensuivent. 30 mètres plus bas, Patrick "chante", quand il ne hurle pas après nos compères: Tatayoyo, et autres œuvres originales toutes droit tirées du répertoire de Chantal Goya.
:frtgs:
Même ces chansons là, il arrive à les massacrer… Performance…J'hésite un instant à mettre fin à mes jours en me jetant sous une pluie de caillasses salvatrices…
Un "LIBRE!" retentissant met fin à mon calvaire auditif. Nous remontons enfin. Tom, kits, Patrick, kits, Tom…On réussit à passer le dégueuloir sans faire tomber un seul caillou !!!
Ce qui est d'un intérêt tout relatif, puisque personne ne se trouve en dessous…
Nous arrivons à l'étroiture. Je ne vois pas la corde, et le fais savoir. Quelqu'un (allez savoir qui!?) me répond: "On s'en branle!". Voilà qui fait plaisir! Je comprends vite que Dominique est toujours dans l'étroiture, alors je n'insiste pas.
Dominique finit pas s'extirper. Je ramasse la botte abandonnée, la mets dans un kit, et donne une sépulture descente aux restes du spéléo malheureux (sans doute lui aussi un "gros"), pendant que Patrick fait passer les kits.
Patrick s'engage en premier pour éviter les risques de bouchon. J'étudie ses erreurs, et je passe derrière sans trop de problèmes. On rejoint les autres. Plus que 20 mètres à déséquiper. C'est pour ma pomme (logique, j'ai pas foutu grand-chose jusqu'à présent!).
0H30: Tout le monde est dehors. Il n'a pas plu une seule goutte!!!
La marche de retour s'engage… Beaucoup de choses ont été dites sur cet épisode. Je n'épiloguerai donc pas.
1H00: On arrive enfin aux voitures.
:qaaa:
Wil fait un prout de bouche pour marquer sa désapprobation. Sans commentaires… Patrick ne fait même pas semblant d'avoir fait le détour exprès pour nous montrer le paysage ou ramasser des champignons.
Nous nous changeons, puis rentrons au gîte. Bouffe, douche (pour ceux qui ne s'endorment pas en attendant que Wil se fasse beau), et dodo. Le lendemain, les volets s'ouvrent sur un temps pourri, ce qui achève nos dernières velléités d'aller nous ballader. On nettoie rapidement le gîte.
11H13: La femme du camping compte les petites cuillères… Ouf! Le compte est bon. On peut rentrer sur Bordeaux…