Initiation et apprentissage
Parmi les vocations d'un Club de Spéléo, il y a l'Accueil et l'Initiation des débutants aux différentes techniques.
Cette initiation doit être une transition, le début pour chacun d'une progression personnelle. Lessorties collectives servent aussi à renforcer la progression personnelle ; le Club n'est pas une agence de voyage où l'on consomme des "sorties à la carte". Le but est que le plus grand nombre parvienne rapidement à un degré suffisant d'autonomie ; lui permettant d'abord de pratiquer la Spéléo en toute sécurité, puis de devenir l'organisateur et l'encadrant de ses propres sorties.
Le débutant représente forcément une certaine "charge", un stress intense pour les encadrants qui doivent gérer sous terre des situations de"crise", en plus de gérer leur propre progression, portage du matériel,équipement, etc... C'est pourquoi chaque pratiquant, selon ses propres moyens physiques, doit s'efforcer de s'investir dans la préparation des sorties, de progresser techniquement, de gagner en autonomie dans tous les domaines.
Chacun est alors capable d'organiser et de multiplier les sorties - à son niveau - sans toujours dépendre des mêmes encadrants.
Fort d'un noyau élargi d'équipiers autonomes, le Club peut alors entreprendre des sorties plus techniques, plus longues, plus ambitieuses. A la mesure de chacun, mais en satisfaisant aussi la motivation des encadrants qui veulent eux aussi progresser et tenter de nouvelles expériences.
Notion d'Autonomie Technique
La progression sous terre ne s'apprend vraiment qu'en pratiquant sur le terrain. Comme dans tous les sports, il y a des gens pour qui c'est facile et naturel,et d'autres qui progressent plus lentement et à force de pratique.
C'est la pratique répétée qui donne de l'aisance, notamment dans le franchissement d'étroitures, la progression en rivière, les pas d'escalade, les descentes en opposition, l'acheminement de son kit de portage (on a parfois l'impression qu'il a sa vie propre), etc ...
Ces situations ne peuvent s'enseigner dans les livres, ni être reconstituées à l'extérieur. Sous terre, ce qu'on n'a jamais fait auparavant génère forcement un stress, une dépense supplémentaire d'énergie. Pas de secret : il faut pratiquer et multiplier les expériences.
En revanche, quand on veut s'attaquer à de la "verticale", on peut et on doit se former au préalable à l'extérieur. Dans l'intérêt du groupe et de la sécurité individuelle, il faut éviter,autant que possible, les situations de blocage lors d'une sortie collective. Les heures d'attente peuvent s'empiler très vite quand quelqu'un coince sur le passage d'un fractionnement. Et le temps passé sous terre est un gros facteur de fatigue, donc de risque.
Ainsi, les rudiments, les techniques de base de la progression sur corde, voire les techniques plus sophistiqués d'équipement et d'auto-secours,peuvent toutes s'apprendre à l'extérieur : sur un mur, en falaise, sur un arbre équipé. Bien sûr, on devra toujours parfaire son apprentissage sous terre, en milieu réel ; mais c'est quand même plus confortable pour le groupe, et pour les encadrants de faire cette initiation en extérieur. Si quelqu'un veut apprendre et progresser, il suffit souvent de demander pour y consacrer une demi-journée.
Mais on ne doit pas s'inscrire à une sortie collective en "verticale" sans s'assurer que l'on aura le niveau d'Autonomie Technique nécessaire.
D'une façon générale (en horizontale, comme en verticale), être autonome techniquement, c'est aussi savoir gérer son alimentation, son éclairage, et ses propres capacités physiques (petits bobos, fatigue, ...). L'autonomie technique permet aussi de pouvoir s'arrêter plus tôt, gérer ses propres capacités physiques du moment, faire demi-tour avant les autres (à deux quand-même), tout en restant en sécurité.
Notion d'Autonomie Matérielle
Un Club met à disposition du matériel collectif de progression : cordes, amarrages, trousse à spits, etc. ...
La préparation, le nettoyage, l'entretien et la restitution rapide relèvent de la responsabilité des participants à chaque sortie. Apprendre à nettoyer, à vérifier, et à lover correctement une corde n'est pas un détail, cela fait partie de la sécurité.
Le Club peut également disposer d'un peu de matériel individuel : casques,baudrier, descendeurs, combinaison, ... pour faciliter l'Initiation. Le but reste quand même que chacun dispose de son propre matériel individuel. C'est aussi un facteur de sécurité et de facilité en progression : un baudrier bien réglé à sa taille, des longes à la bonne longueur, etc ... Certains de ces matériels s'usent vite ; et on apprend à faire attention à ne pas déchirer sa propre combinaison, on entretient son éclairage ...
Un équipement complet est onéreux. Dans l'ordre des choses, il faut commencer par acheter : bottes et combinaison (et sous-vêtements). Puis baudrier et longes. Puis bidon étanche, popote, sac (kit) individuel. Puis casque / éclairage, et matériel mécanique.
Passée la première phase des sorties "découvertes" ou les premières initiations, quand on emprunte du matériel individuel, on prend aussi une énorme responsabilité.
Il s'agit d'abord de sa sécurité propre (état des longes ??), puis de celle des successeurs (chute et choc non signalés d'un bloqueur, d'un mousqueton, ...). Plus simplement, un matériel endommagé ou non restitué peut compromettre la sortie suivante (éclairage, combinaison déchirée, ...).
Emprunter du matériel est une démarche personnelle. Lors de l'emprunt, il faut s'efforcer d'être présent, ou déléguer à une personne de confiance. Quand on délègue, on reste néanmoins responsable. Il faut s'assurer du bon fonctionnement - avant le jour de l'exploration (éclairage ...). Il faut assurer le nettoyage minutieux et les réparations élémentaires, ou signaler les gros dommages. Il faut restituer - si possible dans la semaine - le matériel emprunté.
Ces deux notions d'Autonomie - technique et matérielle - sont élémentaires et essentielles.
Dans les clubs, c'est souvent cette insuffisance qui décourage les encadrants qui y passent trop de temps (ah les séances de lavage de cordes et dekits boueux ...) et d'énergie (les "mini-sauvetages" au fractio, le portage des kits ...). Certains finissent d'ailleurs par ne plus sortir, ou le font en catimini, possède leurs propres cordes, etc...
La force d'un groupe permet de faire plus de choses, relancer la motivation, compenser une baisse de forme physique ou un manque de pratique. L'idéal est que ce groupe soit constitué d'équipiers autonomes.
Chacun doit tendre à cette autonomie - dans la mesure de ses moyens physiques et de son mental -, toujours avec sincérité. |