Erwan, Jean-Laurent, Adrien, Bernard et Philippe.
Le levé était annoncé à 7h30, 7h34 : Erwan soliloque désespérément avec sa tasse de thé.
Bernard et moi le rejoignons puis allons enkiter tandis que Jean-Laurent et Adrien émergent doucement.
Laborieuse tentative d'apprentissage de l'enkitage pour moi malgré l'aide des anciens (donc un noeud de huit et un autre noeud de huit ne font pas un noeud de seize mais un mickey et si je le fais qu'à moitié c'est pas un noeud de quatre mais une bouse, ok).
Hop, 9h30 nous montons en voiture pour 10 minutes de route : Bla, blabla, blablabla.
9h50 nous arrivons et nous mettons en tenue en profitant de l'air vivifiant et de la neige éparse.
Jean-Laurent équipe l'entrée et à 10h30 nous descendons le P29 avec son fractionnement.
Jean-Laurent et Adrien sont devant, Bernard me suit et Erwan ferme la marche.
Je suis mort de trouille à chaque passage technique, j'adore ça.
Nous arrivons dans une cavité avec une entrée en contrebas suivie d'une diaclase équipée d'une vire sur 20/30 mètres. La vue sur le fond de la faille sous nos corps rampants est assez fabuleuse. J'ai l'avantage de n'avoir que mon minikit, je ne réclame pas un kit en plus.
Au bout de la diaclase deux p10 s'enchaînent rapidement et les deux hommes de tête sont déjà loins avant que les deux de l'arrière ne me rattrapent.
La progression est belle et la fraîcheur ne se sent pas car nous marchons d'un bon pas.
La détection du P35 s'avère un peu laborieuse, on le voit bien sous nos pieds et ma délicate danse sur les rochers effraye Jean-Laurent agrippé au sol qui me fusille du regard en m'enjoignant de venir un peu plus en sécurité.
Après le P35 c'est la pause, il est déjà 13h00 et nous n'avons fait qu'un tiers du chemin.
Repas, repos, bla, blabla, blablabla, concours de réchaud, bla, blabla, blablabla.
On repart et nous enquillons la galerie fossile supérieure, avancée rapide, facile jusqu'à rattraper la galerie active de Raymonde.
C'est ensuite la joie des cascades, une de 5 mètres, un peu de marche, une de 12 mètres qui stimule joyeusement l'équipe qui souffrait du réchauffement de la planète tout à fait perceptible.
S'en suit une progression fabuleuse dans le mondmilch qui couvre le sol de raymonde en alternance avec des blocs noirs (manganèse?), c'est magnifique, scintillant et je me sens seul au monde avec beaucoup d'avance sur le groupe de deux (Adrien et Bernard) et beaucoup de retard sur le groupe de tête (jean-Laurent et Erwan) si bien que je fais demi-tour au bout d'un moment me demandant si je n'avais pas loupé un virage quelque part. Pas du tout, c'est la prudence et la fascination pour le lait des cavernes qui a ralenti mes suivants pas encore sevrés.
En bas d'une petite cascade qui rafraîchit tranquillement m'attendent Erwan et jean-Laurent. Bernard dit stop, il préfère ne pas se mouiller plus. Adrien le soutien psychologiquement.
Quelques dizaines de mètre plus loin j'admire le passage technique de Jean-Laurent et Erwan qui s'accrochent à la paroi et sautent sur une petite plage pour éviter la plongée en eau glacée. Bravo.
A moi : hop, facile le pied sur le bord, saisir le rebord et m'y agripper pour me tirer et PLOUF.
Elle est bonne. Super bonne. Si si.
Erwan traverse l'eau avec une corde et se mouille à son tour à mi-corps tandis que je traverse à la nage (au point où j'en suis) et Jean-Laurent finit de mouiller Erwan en faisant à son tour un peu de ski nautique sous-terrain au bout d'une corde.
Le constat est facile : nous sommes mouillés.
Erwan décide le retour : tu vas avoir froid Philippe. (Je vois bien qu'il n'a pas franchement envie de se traîner un bonhomme de 80kG frigorifié le long des puits).
Le chemin inverse se fait donc avec Adrien devant, moi derrière et Jean-laurent en queue pour déséquiper.
Jean-Laurent demande à changer de place avec Adrien mais celui-ci annonce qu'en fait il est en difficulté technique EXTREME : son crawl ne crawl plus et brasse à peine et sa poignée n'a plus de poigne. Une sorte de malédiction vaudou, vraiment il aurait bien voulu hein mais c'est pas possible voilà. Démerde toi jean-laurent, crève.
Le retour se passe bien, sans difficulté réelle. Bernard tente bien à un moment de monter par une corde qui n'était pas à nous mais il est revenu sur sa décision.
A l'arrivée dans la neige calme, paisible et super froide, nous attendons Adrien et moi l'arrivée des comparses.
L'air se réchauffe quand Jean-laurent fulmine en déséquipant. Je crois ouïr des mots comme "Adrien" ou encore "putain, tu" et je n'ai pas saisi le reste mais l'esprit si. D'ailleurs Adrien renonce à faire profiter Jean-Laurent d'un peu de neige durant sa remontée.
17h40 nous sommes tous en haut du trou, direction la voiture. Super sortie.
PS : Le lendemain matin, Adrien nous dit qu'en fait son crawl et sa poignée étaient juste sales. Non, Jean-laurent ne l'a pas tué.